Il est 22h. Dans le silence d’une maison désertée par ses enfants émancipés, Sabine Slatkine sculpte. Une charrette à bras ou à cheval. Des femmes, des hommes, des enfants. Tous émergent de la terre. Ils s’enlacent, s’accrochent, s’amoncellent et cherchent une issue symbolisée par l’échelle. Ils ont pour seuls bagages des instruments et partitions de musique et des bibliothèques emplies de livres, rappelant celle que son grand-père Mendel, fuyant les pogroms, rapporta de Russie.
 

Les sculptures de Sabine Slatkine constituent une œuvre expressionniste contemporaine dont la matière, travaillée au doigt, incarne l’intensité d’une présence humaine et la force des passions qui l’animent. Il y a du Giacometti dans ses corps graciles, du Schiele dans ses physionomies torturées, du Chagall dans son goût pour le spectacle teinté d’une atmosphère menaçante, il y a du Koczy, du Kantor, peut-être même du Soutter... De l’Art brut ou singulier, dans tous les cas, au cœur de ses créations boulimiques à la genèse spontanée et fièvreuse, tout à la fois refuges, expansions de soi et vectrices d’une implacable et archétypale universalité.

Avec des textes de Céline Muzelle et des photographies des œuvres de Mario Del Curto et Michaël Ottenwaelter.